L'E-santé et les objets connectés.
11h00, après son footing, Mme Mareinla consulte ses performances quotidiennes sur son Smartphone à l’aide de son bracelet connecté et se pèse à l’aide de sa balance, elle aussi connectée.
L’E santé
Depuis peu, j’utilise une application : « Sleep Better ». Voici les mots du développeur Runtastic : « L’application offre une façon simple et captivante pour améliorer vos habitudes de sommeil. Vous avez des difficultés à vous endormir ? Vous voulez découvrir comment vos activités quotidiennes influencent l’efficacité de votre nuit ? Sleep Better vous aidera à mieux attaquer la journée ».
Séduis par le concept d’en apprendre plus sur mon sommeil de manière simple et ludique, je décide de la télécharger et de l’essayer.
Les applications et objets santés connectés sont aujourd’hui une réalité et vont encore se développer de manière exponentielle. Balances intelligentes dans nos salles de bains, bracelets tracker d’activité, montres intelligentes au poignet et système de sommeil pour veiller sur nos nuits … De plus en plus d’objets connectés collectent des informations sur la forme et le bien-être des individus. Ce marché est en pleine ébullition. Il y aurait déjà 15 milliards d’objets connectés dans le monde, ils pourraient être 80 milliards en 2020 … Alors comment fonctionnent ces objets et sont ils sûrs ?
Objet d’étude : la balance intelligente.
Oubliez votre balance traditionnelle, celle qui prend la poussière sous un meuble de la salle de bain, la balance connectée prend le relais.
Avant tout clarifions les choses. Beaucoup d’entre nous font l’amalgame entre la masse d’un corps et son poids alors que ce sont deux grandeurs, bien différentes, ne rendant pas compte du même phénomène.
Prenons la masse. Elle représente simplement la quantité de matière contenue dans un objet. C'est-à-dire la masse des particules qui constituent cet objet. Je posséderais donc la même masse sur terre que sur Mars ou partout dans l’univers par exemple. L’unité de la masse est le kilogramme.
Le poids quant à lui, mesure la force d’attraction qu’exerce un astre sur objet. C’est cette fameuse force qui fit tomber la pomme sur Sir Newton. Cette force d’attraction sera d’autant plus grande que cet astre aura une masse élevée. Ce qui signifie que le poids d’un objet varie dans l’univers et dépend de l’astre où il se trouve. Les bonds gigantesques de l’astronaute Neil Armstrong sur la Lune sont enfin expliqués ! L’unité de poids et le Newton.
Donc notre balance traditionnelle à aiguille n’est autre qu’un dynamomètre. Cet appareil mesure une force en utilisant un ressort dont on connait la résistance définie par un module d’élasticité. (Grandeur d’un matériau définie par le rapport de la contrainte à la déformation élastique provoquée par cette contrainte). Elle mesure le poids d’une personne qu’elle affiche en unité de masse.
Mais désormais, certains modèles de balance combinent une mesure d’impédance afin d’estimer l’indice de masse grasse, mais aussi le taux hydrique et le pourcentage de muscle. Comment est-ce possible me direz-vous ? Auparavant, la masse grasse d’un corps était sommairement mesurée à l’aide d’un compas spécial, mesurant en divers points du corps l’épaisseur des plis cutanés infiltrés de graisse.
Depuis quelques années, on recourt à une analyse dite d’impédance bioélectrique qui permet de mesurer facilement, rapidement et précisément la composition corporelle.
Cette méthode est fondée sur le caractère non conducteur de la graisse. Elle s’oppose donc au passage d’un message nerveux, contrairement aux différents fluides corporels contenus dans les tissus musculaires. Lorsqu’on va faire parcourir un courant électrique de faible intensité à travers notre corps, on peut en déduire le taux de graisse : plus la résistance à laquelle se heurte le courant bioélectrique est grande, plus ce taux est élevé.
Dans nos balances, des électrodes à l’origine du message nerveux sont intégrées au plateau de la balance. On obtient donc chez soi, de manière rapide, précise et indolore non seulement notre poids, mais aussi son pourcentage de graisse, et parfois des muscles et des os …
On va jusqu’à connecter à internet nos balances pour transmettre les informations récoltées sur nos ordinateurs, tablettes ou Smartphones et pouvoir les consulter à n’importe quel moment.
Mais à quoi ça sert ? Et bien quand on veut maigrir par exemple, on a souvent tendance à focaliser sur le poids. Or le poids affiché n’est qu’une donnée globale, puisqu’il englobe toutes les composantes du corps sans distinction. Connaitre son taux de graisse par exemple permet de savoir si on a réellement besoin de se mettre au régime, et par la suite, de mesurer si ce dernier est efficace.
Mais ces balances technologiques ont un prix : il faut compter 80 euros pour une entrée de gamme et les prix peuvent atteindre les 150 euros pour les balances les plus performantes.
Et puis, que font les fabricants de toutes ces données, de vos données qu’ils récoltent ?
Toutes ces informations constituent de véritables banques de données sur les consommateurs. Elles peuvent en effet être revendues à des entreprises de régime par exemple, qui vous cibleront par leurs publicités. La publicité ciblée, la vente d’informations constitue un véritable marché ignoré des consommateurs.
En clair, les objets connectés surfent sur une vague prospère : le marché de l’E-santé est estimé en 2012 à 2,4 milliards d’euros et il devrait progresser encore de 4 à 7% en moyenne par an à l’horizon 2017 selon une étude publiée par le cabinet Xerfi-Precepta. Ces chiffres illustrent la volonté de l’Homme à vouloir mieux se connaitre. Cependant, on a tendance à ignorer ce véritable commerce qui se fait à notre insu. On peut imaginer que du jour au lendemain, notre assureur ne veut plus nous assurer parce que nous avons 120 pulsations à l’arrêt avec notre bracelet connecté lors de d’un footing par exemple.